ÎLES KERKENNAH

Situé dans le golfe de Gabès, en Tunisie, l’archipel des Kerkennah est confronté à la montée des eaux. Plusieurs facteurs humains aggravant la situation. La reconnexion aux pratiques de soin mutuel et aux savoirs endogènes pourrait constituer un levier essentiel pour repenser les stratégies d’adaptation de l'île.

C’est sur cette solution que se sont penchées trois chercheuses en gestion, marketing et sciences sociales des universités Gustave Eiffel, Bretagne Sud et de Nantes : Mmes Amina BÉJI-BÉCHEUR, IRG ; Leïla DAMAK, LEGO ; Danielle PAILLER, LEMNA). De ce travail est issue une communication scientifique partagée lors d’un colloque à Djerba : « Renforcer la résilience climatique par une approche basée sur le care, les droits culturels et l'innovation sociale. Cas des îles Kerkennah ». Mariem REKIK (ONU-Habitat) assurait la coordination institutionnelle de ce projet.

Kerkennah s’inscrit dans l’axe thématique 3 « La protection des patrimoines en danger et la résilience » de la Chaire.

 

 

Contexte

Le réchauffement climatique menace d’engloutir une partie de l’archipel des Kerkennah. Selon une étude alarmante réalisée par le gouvernement tunisien,  30% de sa superficie se retrouverait immergée d’ici 2100.

Surexploitation des ressources (dragage illicite de sable et la pêche destructrice au kys), expansion touristique non régulée (et les pollutions associées), fragmentation institutionnelle : autant de facteurs aggravant sa situation. Ces dynamiques menacent directement les écosystèmes (récifs coralliens, lagunes), les pratiques culturelles ancestrales (la pêche à la charfiya) et la cohésion sociale (migrations informelles, tensions intergénérationnelles, etc.). 

« En quoi, face à des défis systémiques posés par les changements climatiques, trianguler les apports des approches théoriques du care, des droits culturels et de l’innovation sociale circulaire devrait permettre de répondre aux défis territoriaux d’urgente résilience ? ».

 

Résilience : « Capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir en dépit d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes sévères. »

 

Manciaux, M., Vanistendael, Lecomte et Cyrulnik (2001), La résilience : résister et se construire. Genève : Cahiers Médicaux Sociaux

 

Étapes

Le processus de cette recherche-action suit les quatre phases suivantes :

Phase 1. Diagnostic :

  • Définir les objectifs et les contours du projet scientifique, les priorités, les enjeux cruciaux pour la préservation de l’île
  • Se rapprocher du travail en cours d’élaboration par ONU-Habitat en Tunisie, notamment l’Etude des vulnérabilités multi-couches sur l’Ile
  • Établir une cartographie citoyenne sensible, créative, subjective des ressources culturelles invisibilisées
  • Concevoir une approche participative et inclusive qui valorise les connaissances locales et les perspectives des habitants et de l’ensemble des parties prenantes

Phase 2. Infusion, analyse :

  • Compiler des données collectées, analyser les discours à partir des différentes méthodes en vue d’une présynthèse afin d’intégrer les éléments émergents et d’en avoir une vision globale

Phase 3. Révélation des ressources culturelles cachées en vue d’une réponse collective :

  • Etablir un diagnostic partagé pour développer une capacité de réponse collective et créer les espaces de conviction, confiance, reliance
  • Co-réaliser une carte finale, propositions de projets touristiques écocitoyens, de projets d’économie solidaire et circulaire

Phase 4. Partage, diffusion, sensibilisation, co-construction de solutions :

  • En lien avec la communauté locale, les autorités municipales, les organisations de développement, les associations, les chercheurs et autres parties prenantes concernées

Aida Robbana et Majdi Frihi (ONU-Habitat) lisent le plan de cette île des Kerkennah.